Brescia, au petit matin…

 

Extrait du Hors Série Rétroviseur : L’Essence du Grand Tourisme, mai 2012

C’est à Brescia, par un de ces petits matins brumeux qu’elles sont apparues, piaffant d’impatience au moment du départ. Mais personne ne sait plus très bien de quand date la toute première. 1936, 1938 ? Ce qui est sûr, c’est que Touring y fut pour quelque chose. Alfa Romeo aussi. C’est le premier qui eut l’idée de façonner sur des tôles d’alu ultra-minces les formes profilées et fluides des premières berlinetta 6C et 8C qui ont émaillé les grandes heures des Mille Miglia à la fin des années trente.

Berlinetta : l’appellation est entrée dans le langage courant dix ans plus tard pour désigner ces nouveaux coupés Sport taillés pour les longues épreuves sur route et les courses d’endurance. Ces “mutantes”, dont Touring peut s’attribuer la paternité spirituelle, ont trouvé leur style archétypique après 1945 : un long capot rebondi suivant une calandre ouverte comme une bouche vorace, des ailes subtilement recourbées au-dessus des arches de roue, et, pour finir, une poupe fuyante et galbée à la manière des sedanets américaines de l’époque. Dans tous les cas, il était bien question d’épouser les vents dominants pour gagner en vitesse, en s’inspirant des lois nouvelles de l’aérodynamique.

Ainsi sont nés les premiers coupés Gran Turismo d’après-guerre, admirés des foules massées autour du podium de Brescia, quand le directeur de course donnait le départ en égrenant l’un après l’autre les numéros des participants. Gran Turismo ou Berlinetta, en 1950, c’était un peu pareil.

Dix ans plus tard, les GT avaient envahi les gammes des constructeurs spécialisés. Les berlinetta primitives, aussi légères qu’inconfortables, aussi brutales à conduire que difficiles à mettre au point avaient, dans l’intervalle, fait place à d’opulents coupés (ou spiders), plus civilisés, associant le luxe et la performance dans un package labellisé “GT” et faisant la fierté de leur propriétaire devant le fronton de l’Hôtel de Paris à Monaco.

Dix ans de plus, et la GT moderne reculerait encore les limites de l’espèce en tutoyant les 300 km/h du haut de ses (presque) 400 chevaux. A l’aube des années 70, la voiture de Grand Tourisme était enfin parvenue à maturité, en se parant de l’étoffe des héros. 1950-1970 : vingt années décisives, vingt années de tâtonnements audacieux pour mieux assouvir les fantasmes de “l’homme moderne”, proche parent de l’homme du XXe siècle. Ces vingt années d’enfance et d’adolescence du Grand Tourisme, nous avons entrepris de les résumer dans les pages de ce hors-série de Rétroviseur en sélectionnant quelques-unes des références les plus emblématiques de cette période. Avanti, la macchina….

Didier LAINE, rédacteur en chef Rétroviseur

 


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